Tract de la FA sur le CPE pour la manif du 18 mars

Le mouvement actuel, né de l’opposition au CNE et CPE a, semble-t-il, des airs de mai 68.
Ce qu’on peut dire de ces contrats, c’est qu’effectivement, il faut les supprimer, car ils ne font qu’aggraver les conditions de (sur)vie des salariés.

Le CPE, le CNE, c’est de la merde, point final.

Mais au-delà de cette lutte, il convient, toujours à propos de mai 68, de se rappeler que les fameux évènements de mai n’ont pas empêché d’en arriver à la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
Et en parlant de mai 68, sachons tirer au moins les leçons des trahisons, des retournements de veste, et le ralliement à la gauche caviar et au libéralisme d’une partie des contestataires d’hier.
Les sincères, eux, crèvent au chômage ou se tuent dans des boulots de merde, tandis que les enfants de leurs chefs sont devenues les chefs de leurs enfants.

Rien n’a changé, tout reste à renverser !

Aujourd’hui, la situation change en partie parce que les étudiants actuels ne sont plus forcément certains d’appartenir aux élites de demain.
Les étudiants ne sont plus assurés d’accéder à de bonnes places, à de bonnes retraites, et se retrouvent plongés dans l’incertitude et la précarité comme tout un pan, de plus en plus vaste, de la population. Bienvenue dans la vraie vie !

Ce qui ne change pas, c’est que les profiteurs continuent à profiter.
Ce qui n’a toujours pas changé, c’est aussi que les chefferies ne supporteront pas plus aujourd’hui qu’hier de ne perdre le contrôle du mouvement.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que dans ce mouvement, le PS et ses larbins voient là une bonne occasion de préparer les présidentielles de 2007. La préparation de la privatisation de La Poste, d’EDF –GDF, de la SNCF, etc ... c’est à la gauche que nous le devons, ne l’oublions pas !
Le PS est un ramassis de crapules libérales ?
Qu’importe : il leur suffit de montrer du doigt les « vilains » de droite, et, si ça ne suffit pas, de nous brandir la menace fasciste.

Décidément, le système est rodé.
Ils nous prennent pour des cons, c’est clair.
Il faut bien dire que, jusque là, ça a assez bien marché.


Dans cette lutte contre le CPE, il convient aussi de ne pas oublier que c’est aussi vers les jeunes des cités que ces contrats sont destinés.
Emeutiers hier, le gouvernement les verraient bien exploités demain.
Le réveil pourrait bien être encore plus brutal lorsque cette jeunesse mise au placard constatera une fois de plus qu’on l’a roulée dans la farine. Et elle aura bien raison de se révolter à nouveau, et bien plus violemment encore qu’il y a quelques mois.

Le mouvement d’aujourd’hui ne sera réellement pertinent que s’il parvient à faire la jonction entre la situation des banlieues, entre celle des retraités, des rmistes, des chômeurs, des exploités.

Le mouvement lycéen et étudiant ne peut faire l’économie d’une réflexion poussée sur le rôle de l’éducation, sur la sélection, sur la compétition et sur la concurrence mise en place dès l’école.

Ce mouvement social ne pourra effrayer le système que si le plus grand nombre prend enfin conscience que, face au pouvoir et aux exploiteurs, nous avons de moins en moins à perdre et de plus en plus à gagner à tout foutre en l’air.

Ce mouvement social ne pourra avancer que s’il met en place des pratiques nouvelles, en dehors du contrôle des appareils politiques et de ses satellites.

Ce mouvement ne pourra gagner que, si au-delà de la lutte anti-CPE, il permet d’envisager d’autres modes de luttes, mais aussi d’autres modes de vie, et non de survie. L’autogestion, le fédéralisme libertaire, sont non seulement des perspectives politiques, mais sont aussi des conditions nécessaires à la réalisation d’une grève générale digne de ce nom.
Exproprions ceux qui nous exploitent, récupérons ce qui nous appartient, bref, ne nous laissons plus faire !

Mais surtout, ne perdons pas de vue que cette lutte, si dure soit-elle, sera vaine si elle débouche sur un calme social qui ne bouleverse pas fondamentalement la situation politique actuelle.

L’ETAT, fidèle défenseur du système libéral, fait partie de nos ennemis
et devra donc être combattu comme tel,
au même titre que le CPE qui n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Ils ne nous donneront que ce que nous les forcerons à lâcher.

ENRAGEONS-NOUS !

FEDERATION ANARCHISTE – groupe de Grenoble
jules.valles@no-log.org - www.federation-anarchiste.org

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