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 Les médias et notre peur de la "décrédibilisation"

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2 participants
AuteurMessage
sortidserre




Nombre de messages : 1
Date d'inscription : 11/04/2006

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MessageSujet: Les médias et notre peur de la "décrédibilisation"   Les médias et notre peur de la "décrédibilisation" EmptyMar 11 Avr à 3:33

Pour la palme du dicton le plus en vogue durant ces belles et tumultueuses semaines de lutte anti-CPE, je nominerais volontiers : « vous décrédibilisez le mouvement ». Cette exclamation anxieuse, ce soupir réprobateur, ce mot d’ordre imprononçable a résonné dans tous les amphis occupés et dans tous les boulevards arpentés par la foule, à Grenoble comme dans certainement beaucoup d’autres villes. Un tag dans l’université, ça décrédibilise le mouvement ; une agence d’intérim attaquée, ça décrédibilise le mouvement ; une poubelle en travers de la route, ça décrédibilise le mouvement. Pointant du doigt les initiatives un peu trop « osées », un peu trop violentes, un peu trop étranges, ce leitmotiv a inauguré les dissociations citoyennes au sein même de la mobilisation, phénomène classique à souhait. Si la question de notre crédibilité est omniprésente, alors poussons-la jusqu’au bout – plus loin que les pense-bête de nos chapelles militantes. Aux yeux de qui devons-nous être crédibles ? Selon quels critères ? Et à quel prix ?

(...)

Quand j’entends « vous décrédibilisez le mouvement » je n’entends pas « je ne suis pas d’accord avec vous ». J’entends plutôt : « je pense que l’opinion publique ne sera pas d’accord avec vous ». Le crédibilisateur ou la crédibilisatrice ne s’engage pas personnellement dans un débat éthique ou même stratégique (ce qui est d’ailleurs dommage) : ille imagine ce que penseront « les gens », et parle à leur place. Ille se fait l’écho, le média, d’une entité collective abstraite et menaçante, l’opinion publique.

L’opinion publique est un fantôme. Bourdieu disait qu’elle n’existe pas. Elle n’est qu’un gros sac informe où nous rangeons toutes les idées les plus consensuelles que nous recensons autour de nous. Comme « les casseurs », elle devient un être virtuel, un agrégat monstrueux, qui plane à sa manière au-dessus de nos combats politiques. Méfions-nous de ce bloc homogène et simpliste : les humaine-s sont plus complexes que ça. Les idées dominantes et les parts de résistance s’entremêlent en chacun-e d’entre nous, à des degrés divers et suivant des schémas multiples. Et la solidarité d’une inconnu-e jaillit parfois là où on ne l’attendait pas.

Dans nos luttes, « l’opinion publique » ressemble au bon père qui pose des limites, qui parle « raisonnable », qui exige face à lui un certain ton et un certain vocabulaire. Et si nous l’envoyions balader ? Qu’avons-nous à faire avec cette somme anonyme et flasque de toutes les opinions moyennes de notre démocratie médiatique ? Que lui devons-nous ? Pourquoi dialoguerions-nous avec un épouvantail étrangement proche de la pensée dominante ? Pourquoi entrerions-nous dans son jeu, caricature contre caricature, consensus mou contre consensus mou ? Pourquoi ne pas déserter les pauvres règles de ce dialogue imposé par les médias ?

(...)

Beaucoup de médias se présentent comme neutres – ils ne le sont jamais. Ne serait-ce que du fait de leur structure économique et hiérarchique. Une grande entreprise soumise (pour « survivre ») aux lois du capitalisme, et dans laquelle les individus sont organisés de façon pyramidale, ne produira qu’un certain standard d’information. Mauvaises conditions de travail (manque de temps et de moyens, précarité), compétition interne et carriérisme, souci de l’audimat, sensationnalisme, dépendance par rapport aux actionnaires et aux annonceurs, complicité entre élites : autant de facteurs qui favorisent l’auto-censure des journalistes (parfois leur censure pure et simple) et qui minimisent les possibilités, pour tout groupe qui n’a pas les moyens de s’offrir un-e chargé-e de com’, « d’apparaître » correctement dans les médias.

Le traitement médiatique de nos luttes sociales est toujours décevant. Le format des articles ou des « sujets », court et divertissant, est toujours dramatiquement loin de la complexité de ce que nous élaborons. A la recherche de l’image percutante et du personnage haut-en-couleurs, les journalistes font de nos combats un spectacle saccadé, et nous laissent toujours seul-e-s quand le conflit traîne en longueur. Dans leurs récits, nos révoltes ont systématiquement un aspect soit folklorique (mignon), soit immature, à côté des phrases calibrées des costards d’en face. Toujours le même cinéma. Sans compter les citations tronquées, les significatives juxtapositions de plans, les amalgames grossiers et autres analyses de comptoir : bien souvent, la version « objective » du reporter, qui a infiniment plus de poids que la nôtre, laisse à la personne qui a été interviewée, devant le journal qu’elle découvre plusieurs heures plus tard, comme un arrière-goût de vol.

(...)

Les médias ne sont pas de notre côté. De par leur fonctionnement, leurs présupposés et leurs messages, ils sont toujours plus proches du statu quo que d’une sensibilité au changement social. On peut choisir de les utiliser, à pas de loup et de façon exclusivement stratégique, comme on se saisit d’une partie de l’appareil dominant pour la retourner contre une autre, comme on fait jouer entre elles des rivalités politiciennes, comme on lance un recours en « justice » pour retarder un projet ou une expulsion. Un « coup » médiatique, selon les cas, peut être un moyen de pression très circonstanciel sur les hauts placés, évidemment préoccupés par leur image. Mais attention à ne pas gaspiller trop d’attentes et de forces sur ce terrain miné. Méfiance !

(...)

(Ces bouts de texte sont issus d'un article publié le 10 avril 2006 sur indymedia-grenoble :
http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=2537
Une version PDF se trouve ici : http://lille.indymedia.org/IMG/pdf/doc-2353.pdf.
Le sous-titre de l'article est "Comment notre manière d'envisager la communication conditionne nos luttes".
Il tente de poser à la base les raisons de notre peur de nous "décrédibiliser", avec tous les thèmes qui lui sont liés : l'opinion publique, les actions symboliques, les moyens de communication alternative, etc.
Peut-être ça intéresse des gens d'en discuter sur ce forum ?)
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koala warrior




Nombre de messages : 10
Localisation : grenoble/ st marcellin
Date d'inscription : 10/04/2006

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MessageSujet: Re: Les médias et notre peur de la "décrédibilisation"   Les médias et notre peur de la "décrédibilisation" EmptyMar 11 Avr à 12:11

oui.
ils se peut quand même que casser des trucs, ça peut se retourner contre nous. touchez pas aux voitures, ou on est foutu.
il faut au maximum éviter de fair epeur aux vieux.
les vieux sont nombreux, et ils n'aiment déjà pas les jeunes. brûlez leur C3, et c'est fini, ils demanderont à ce que les flics tirent à balles réelles.
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